Ce poème vidéo collaboratif est issu du projet artistique Free Your Navel qui documente, questionne et illustre la thématique du nombril.
Concept, texte et direction artistique: yves bommenel (bobie) Musique: my tiger side Voix: mathias beyler & karine auzier Montage: marion colson & yves bommenel
Au commencement il n’y avait que lui, curieuse équation qui veut qu’un plus un n’égale qu’un. Puis de ce point central, même pas une tête d’épingle, se construisit ce tout que l’on nomme je, moi-même et soi.
« Me, myself and I »
Dès lors comme un mantra, notre existence se dessine en mandala autour de ce creux, du lien originel aux mystères de la vie. Alors pour rompre le cordon, cette plaie cicatrise et nous voilà uniques, je, moi-même et soi.
« Me, myself and I »
Depuis ce nœud tellurique se tissent nos personnes, chair et psyché au propre comme au figuré. Comme poussés par le manque, l’absence du lien ombilical, nous nouons d’autres ponts en un réseau touffu, je, moi-même et soi.
« Me, myself and I »
Et c’est un pendule qui dès lors nous anime pour un même mouvement circulaire entre deux forces opposées. Centrifuge ou centripète, c’est pourtant toujours de ce centre que nous nous socialisons, je, moi-même et soi.
« Me, myself and I »
Ainsi on se rapproche, nos ventres se frottent parfois, ensuite on se sépare, incessant va-et-vient. Dans l’écho des miroirs ou dans l’introspection, inlassablement nous nous cherchons, je, moi-même et soi.
« Me, myself and I »
Car c’est bien d’une quête, d’un jeu de rôle dont nous sommes le héros, qu’il s’agit avant tout. Une aventure aux frontières de deux mondes, celui du dedans et celui du dehors dont nous relevons tout autant, je, moi-même et soi.
« Me, myself and I »
Un parcours d’équilibriste, somnambule qui avance sans conscience de l’absence de filet. Soudain transi d’effroi par l’abîme qui l’entoure, le funambule parfois se replie sur soi, je, moi-même ou toi.
« Me, myself and I »
Un destin d’escargot si nous ne trouvons ni l’éveil ni la sagesse pour donner un sens bien à nous à la trace que nous laissons. Encore une épreuve fatalement ardue pour je, moi-même et soi.
« Me, myself and I »
Répéter le calcul, dupliquer ses gamètes, cela n’y suffira pas. Un si petit trou pour un immense vide. Car malgré notre amour propre, nous nous sentons bien seuls, je, moi-même et soi.
« Me, myself and I »
S’accepter tout entier, s’accepter tous ensembles, voilà l’ultime défi. Différents dans nos corps, différents dans nos têtes, libérons nos nombrils sans crainte de s’affirmer singulier et multiple, je, moi-même, toi et nous.
« Me, myself and I »