Les années 90 me manquent…
Non pas tant mes 20 ans bel et bien consumés
Que l’inconscience de ces années de plomb
Qui se jouaient à pile ou face.
Que sont donc devenus nos espoirs sous les bombes
Et les éclats de joie au pied des murs qui tombent ?
Quand s’en est allé blanchir l’arc-en-ciel devant nous affranchir ?
Que de guerres, que de sang, que de larmes…
Tous ces morts, mes amis disparus, mes amours agonis,
Forment les souvenirs enfouis que je rumine en silence
dans la nostalgie de mes trous de mémoire.
Ainsi vous me manquez camarades d’antan,
Dissemblables comme ce « je » et le « moi » d’avant.
Je me suis émoussé, je me suis vermoulu
Et mes pensées passées sont si bien délavées,
Que je ne pense plus ou du moins plus pareil.
La mer n’est plus que sable :
Un goût amer de cendre, une épave rouillée…
Les années 90 me manquent
Avec leurs lots de riffs et leurs refrains chagrins,
Avec leurs sons nouveaux et leurs pixels restreints,
Ces années d’avant l’an 2000, ce futur qui n’était que uchronie,
Obsolète avant de naître, mort-né dans l’éprouvette.
Il me manque malgré tout dans ce présent sans alternative,
à l’avenir inexorablement dysptopique.
Et puis, toi aussi, tu me manques,
Des sentiments évanescents qui bientôt à leur tour ne seront plus…
Translation
I miss the 90s…
Not so much my 20 years well and truly consumed
But rather the unconsciousness of these years of lead
Which were played heads or tails.
What has become of our hopes under the bombs
And the bursts of joy down the falling walls?
When did the rainbow to set us free go whitening?
All that wars, all that blood, all that tears…
All these deads, my disappeared friends, my died loves,
Form the buried memories which I ruminate in silence
in the nostalgia of my memory lapses.
So I miss you comrades of yesteryear,
Dissimilar like this « I » and the « me » before.
I got dulled, I got worm-eaten
And my past thoughts are so washed out,
That I no longer think or at least no longer think the same.
The sea is nothing but sand:
A bitter taste of ash, a rusty wreck…
I miss the 90s
With their batches of riffs and their heart-breaking refrains,
With their new sounds and their restricted pixels,
These years before the year 2000, this future which was only uchronia,
Obsolete before birth, stillborn in the test tube.
I miss it despite everything in this present without alternative,
to the inexorably dystopian future.
And then, I miss you too,
Evanescent feelings which soon in turn will no longer be…