Brumes au-dessus des terrasses de la médina,
Sifflets des merles sur la ville qui s’éveille…
Au chant hardi du coq répond la prière du muezzin
Et dans l’entrelacs des ruelles, le jour déjeune de la nuit.
Comme jadis au sein d’Ulthar,
Du pavé aux créneaux des murailles,
Les chats sont princes des rues au royaume alaouite
Et il n’est ni toit, ni porte cochère où le félin sacré ne soit chez lui.
Souvent misérables, ce sont des silhouettes de l’ombre,
Des mascottes insensibles aux sarcasmes du temps.
Déambuler jusqu’à se perdre
Puis saisir dans un instant fugace
Le sortilège du mouvement :
« Rien n’est vraiment immobile,
Tout se transforme lentement. »
Un mûrier séculaire sert de repère au carrefour des artisans,
Mais patiente encore pour connaitre l’agitation des étals.
Le flux des passants contraste avec l’étroitesse des échoppes.
Chatoiement des couleurs, profusion des épices,
L’Orient promis par Delacroix est bien là devant toi.
Le souk se saurait être une galerie marchande.
C’est un être vivant où chaque corporation est un organe vital
Qui rythme le pouls de la cité impériale.
Installe-toi à couvert sur l’immense place,
Commande un café noir ou bien un thé brûlant…
Tu peux jouir en silence du spectacle.
Ce ballet incessant des passants, des touristes et des camelots.
Ce n’est qu’après ce rituel qu’une option se précise indécise :
Suivre du regard le fruit de tes pas…
Quand tu rentreras plus tard au riad le cœur empli de mille rêves,
Il te faudra rester humble pour passer les portes
Et te baisser sous peine, à la tête, d’être châtié.
Ainsi dans le rire au dehors des enfants,
Tu saisiras la chance qui t’habite
De reconnaître en Meknès
Un art de vivre heureux.
Carnet de voyage sous forme de poème vidéo réalisé pendant la résidence artistique “Sur les pas de Delacroix” à l’invitation de l’Institut Français de Meknès (Maroc).