Ivoire

Posted by By at 3 juin, at 09 : 11 Print

Le flot des phares nimbés de pluie sale s’écrase sur la façade de briques du tripot. Péniblement son enseigne de néon scintille dans un halo brumeux. En posant son index sur l’interphone grésillant, le quidam égaré peut se demander par quelle inclinaison sournoise son esprit ébréché l’a conduit jusqu’ici. Le hasard s’en doute…
Le portier n’a pas un physique facile, mais sa forme massive coupe court aux sarcasmes. Un couloir crasseux conduit au bar, un hall bas de plafond baignant dans l’obscurité. Comme mécanique, vous vous dirigez vers les toilettes. L’odeur d’urine vous garrotte les sens secouant vos tripes de spasmes. N’y tenant plus, bruyamment les flots acides vous submergent. Sous la violence du reflux, des éclats baveux maculent vos chaussures tandis que des larmes de fiel inondent votre face crispée. Amère destinée.
Puis vient le soulagement. Avec un mouchoir, vous essuyez vos bottines, passez un maigre filet d’eau sur votre visage, essayez de reprendre contenance. Est-ce alors qu’une terrible douleur embrase vos reins ? Est-ce qu’en ce moment précis vos yeux affolés croisent le regard fébrile de votre assassin dans le miroir ? Dans un mouvement lent, votre corps s’affaisse. Une mare de sang et déjà votre esprit n’est plus.

In Le Mandala de la terreur

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